Islam : du nationalisme à l’islamisme (2)
L’islam est une religion du glaive qui a fait trembler le monde occidental jusqu’au siège de Vienne, en 1529. Elle lui a aussi donné des philosophes et des savants qui ont contribué à la redécouverte de la culture grecque. Cependant, tout cela se passait en des temps très lointains, entre le sixième et le douzième siècle environ. Depuis, c’est le désert.
Pour faire court on retiendra ici l’éclairage qu’en donne le philosophe iranien Javad Tabatabai : « L’Islam connaît un mouvement philosophique extraordinaire jusqu’au XIe -XIIe siècle parce qu’on interprétait le Coran à partir d’Aristote ; c’est la Charia qui était rationnelle. Après l’invasion turque, c’est la raison qui devient servante de la Charia. L’Islam a alors perdu le contact avec le mouvement des idées dans le monde, la vie, le mouvement social et historique ; il ne parle plus parce qu’il n’arrive pas à introduire un nouveau contenu dans les mots ».
Ce “moment philosophique” (les experts ne s’entendent pas sur sa durée, disons entre le sixième et le treizième siècle pour prendre les extrêmes) correspond à la tentative d’une école théologique, les mutazilites, de concilier foi et raison. Avec eux, l’effort de réflexion personnelle, l’ ijtihad, est reconnu comme licite, mais tout de suite très disputé parmi les docteurs de la loi coranique. Au XIe siècle, l’opinion majoritaire des juristes musulmans en vient à considérer que tout est dit en matière de droit et qu’il convient d’arrêter la période de l’itjihad; ce que l’on appellera « la fermeture des portes de l’itjihad ». Place à la répétition et à la redite. C’est de là que beaucoup de penseurs musulmans datent le début de la décadence de l’Islam, ou, plus exactement, sa sclérose.
La Modernité, une contradiction et un défi
L’évolution de l’Occident vers la “modernité”, son besoin d’innovation permanente, heurtent de plein fouet la forteresse de la foi islamique. Cette modernité exerce une pression phénoménale sur les musulmans vivant hors des pays arabes, soit la grande majorité d’entre eux. Leur choix est entre l’intégration, qui nécessite de minorer certains aspects de l’Islam, où l’affirmation d’une identité islamique qui défie la religion (ou l’absence de religion), la culture et les moeurs du pays d’accueil. Un tel malaise est difficile à vivre, d’autant plus que la notion de djihad implique l’obligation morale non pas de se soumettre , mais de conquérir.
Là-dessus, la géopolitique est venue aggraver le malaise. La colonisation a produit le sentiment de défaite et d’injustice que l’on imagine, renforcée par la Déclaration Balfour en 1917, par laquelle la Grande Bretagne promet la « création d’un foyer national juif en Palestine », puis par les mandats que la Société des nations attribue (1920) à des puissances européennes sur des pays arabes. À l’inverse, le nationalisme et la lutte pour l’indépendance, la promesse d’une expansion nouvelle de l’Islam à travers le monde, apportent aux peuples arabo-musulmans une cause à défendre, une fierté retrouvée et une possible victoire qui effacerait la défaite dont l’État d’Israël est la preuve durable.
Quand le nationalisme déçoit
Jusqu’au début des années 1970, la culture du nationalisme était prédominante dans la plupart des pays musulmans. D’Ataturk à Reza Palhevi en Iran, de Nasser en Égypte, à Amanoullah en Afghanistan et Bourguiba en Tunisie, toute une génération de nationalistes sont porteurs d’espoir. Ils sont soit opposés, soit en froid avec le modèle musulman traditionnel. Ils adoptent le modèle européen, mettent l’accent sur le culte de la nation, de la langue, allant jusqu’à pousser des études archéologiques pour mettre en avant le passé pré-islamique.
Puis vient le moment où le nationalisme arabe ne tient pas ses promesses et perd ses batailles. C’est le début d’un désenchantement qui dure encore. La défaite arabe de la Guerre des Six jours en juin 1967 est ressentie comme une humiliation tragique. L’espoir d’une victoire contre l’ennemi commun Israël était le seul facteur consensuel entre des États nationalistes scindés en deux camps antagoniques : progressistes derrière l’Égypte nassérienne, la Syrie et l’Irak baasiste et conservateurs derrière les monarchies de la péninsule et la Jordanie.
A cela s’ajoute les échecs économiques, à rebours des promesses faites naguère par les jeunes États à leurs citoyens. Chacun peut voir que la misère, la corruption, l’absence de services publiques décents, sévissent encore.
Précisément, une génération grossie par l’explosion démographique (entre 1955 et 1970, la population s’est accrue de l’ordre de 40 à 50 % selon les pays), arrive à l’âge adulte sans avoir jamais connu la colonisation (ni ses injustices, ni les luttes de libération), ni profité des carrières intéressantes ouvertes par l’accession à l’indépendance. Souvent issue d’un exode rural qui se traduit par un entassement urbain difficilement supportable, la jeunesse est mieux éduquée que la génération précédente, à qui elle reproche d’accaparer l’État, le pouvoir et la richesse. Dèsabusement, frustration, pauvreté d’une classe instruite qui cherche un nouveau discours d’espoir et d’affirmation : tout cela forme un terreau fertile pour la prédication islamiste.
Les bases théoriques de l’islamisme
Les racines de l’islamisme remontent à la suppression du califat et au désarroi qu’il a suscité. Fondé en 1927 en Égypte, l’Association des Frères Musulmans voudrait récupérer cette dimension politique de l’Islam que représentait le califat. Pour eux, les défaites de l’islam sont dûes aux perversions et aux mœurs décadentes de l’empire Ottoman.
Face aux nationalistes de l’époque ils affirmaient déjà ce qui est encore aujourd’hui le fondement de l’Islamisme : « Le Coran est notre Constitution ». Nul besoin de s’inspirer des exemples européens, de leur idée de démocratie ou même de République. «L’Islam est un système complet et total »; s’il y a un problème politique, sa solution est dans l’instauration d’un État islamique régi par la Charia. Rien ne peut égaler en harmonie la société pure et parfaite crée par le Prophète. Selon un hadith, Mahomet n’aurait-il pas affirmé : « Le meilleur de ma Nation est le siècle dans lequel je vis »? Les Frères Musulmans connaîtront très vite un large succès populaire.
Ils applaudissent l’arrivée au pouvoir de Nasser, pensant que celui-ci les aidera à dissoudre ces partis politiques qui divisent la Communauté des Croyants. Mais le projet nationaliste du rais est autre ; entre eux le conflit sera inévitable. Une tentative d’assassinat de Nasser à l’automne 1954, imputé aux Frères Musulmans, donnera au pouvoir l’occasion de les éliminer. Le mouvement disparaît peu ou prou pour vingt ans en Égypte. Pendant ce temps, il se diffusera largement dans d’autres pays arabes.
Sayyid Qob, l’égyptien ; Mawdoudi, le pakistanais, vont être les théoriciens de l’islamisme. Leur raisonnement est simple et condamne sans appel les régimes arabes en place. Les jeunes États arabes indépendants s’inscrivaient dans une vision de l’Histoire à l’européenne. Avec eux, pensaient-ils, la nation arabe connaissait un nouveau commencement, une trajectoire originale. Pour Qob et ses émules, au contraire, l’histoire moderne des pays arabes indépendants n’a aucune substance. Ces pays sont dans un état d’ignorance (jahiliyya) comparable à celui dans lequel vivaient les Arabes avant la Révélation de l’Islam au Prophète.
Cette charge contre le nationalisme et ses idéaux va plus loin encore. Reprenant des concepts forgés par Mawdoudi, Qob distingue Islam et non-islam de façon radicale. Dans l’Islam, Allah détient seul la souveraineté, il est l’objet unique de l’adoration des hommes. Le mieux que puisse faire un dirigeant sur cette terre est de gouverner selon ce qu’Allah a révélé. En revanche, si on donne un caractère de «souveraineté » à une « idole » — comme la nation, le parti, l’armée, le peuple — et que l’on encourage les masses à adorer cette idole (comme les régimes des jeunes pays arabes savaient si bien le faire), alors on est dans l’état d’ignorance des temps pré-islamiques. Les islamistes doivent détruire cette ignorance comme Mahomet avait détruit l’ordre social qui régnait avant la Révélation.
Une contestation radicale
Là où les Frères Musulmans restaient peu engagés dans le combat politique, Qob et Mawdoudi apportent une subversion, au sens fort du terme, dans la vision musulmane de la société. Ce n’est pas seulement le monarque ou ses ministres qu’ils déclarent en état d’ignorance, de jahiliyya, c’est l’ensemble du corps social. Cela revient à dire que toutes les personnes visées par eux sont, en fait et en droit, hors de la communauté musulmane, hors de l’oumma. Ce qui est une accusation terrible dans la tradition musulmane, reprenant en cela directement la coutume des tribus bédouines. Cela revient à prononcer contre le coupable le tafkirkurf (impiété), l’équivalent d’une excommunication majeure. Dans l’Islam, l’homme ainsi condamné ne bénéficie plus d’aucune protection, littéralement, selon les écritures saintes, «son sang est licite », il peut être tué par quiconque.
Mahomet a été bien près de se voir appliquer cette sentence du tafkir, lorsque sa prédication a commencé à gêner les marchands de la Mecque, membres du clan des Quraychites dans lequel il était entré par son mariage. Il ne devra qu’à son oncle Abu Talib, de ne pas être banni du clan et ainsi exposé à toutes les persécutions. Ainsi, du sixième siècle au vingt et unième siècle rien ne change ; ce que les islamistes trouvent satisfaisant.
Ce raisonnement implacable aura un profond retentissement dans une partie de la jeunesse musulmane à travers le monde. Mawdoudi enfoncera encore le clou en affirmant que les cinq piliers traditionnels de l’islam ne sont qu’une préparation à un sixième pilier, qui doit être le jihad, la guerre sainte. Son premier livre, paru à la fin des années 20, s’intitule d’ailleurs « Le jihad dans l’Islam ».
Le martyr, comme couronnement du jihad
Membre d’une « église » qui ne représente pas plus de dix pour cent des musulmans dans le monde, l’ayatollah chiite Khomeini n’en deviendra pas moins le troisième père fondateur de l’islamisme. Sa première force est d’être un docteur de la loi alors que Qob et Mawdoudi avaient vu leurs idées combattues par les oulémas du sunnisme. D’une indéniable habileté tactique, Khomeini reprendra à son compte les idées de certains penseurs chiites contemporains (dont Ali Shariati, admirateur de Sartre et de Che Guevara, traducteur de Franz Fanon). Avec eux, il accompagnera une réorientation du chiisme vers un militantisme combatif.
Un des axes du chiisme est la célébration du martyre de l’imam Hussein, fils d’Ali, quatrième calife de l’islam et petit-fils du Prophète, tué par l’armée du calife sunnite de Damas, considéré par eux comme un usurpateur. Au cours de cette célébration s’exprime le « dolorosisme » propre aux chiites : flagellations rituelles dans la tristesse du souvenir de cette mort que l’on n’a pas su empêcher. La majorité des chiites croie également que le douzième imam, descendant d’Ali, Mohamed al Mahdi, mystérieusement disparu en 874, reviendra à la fin des temps ; ce qui a fait d’eux un mouvement plutôt quiétiste en politique, en retrait du monde, très fidèle à un clergé bien organisé, plutôt indifférent aux luttes de pouvoir. L’islamisme de Komeini a changé cela en invitant les musulmans à reprendre le combat mené par l’imam Hussein contre les usurpateurs, en l’occurrence le régime des Palhavi.
Du martyre comme commémoration on peut aussi passer au martyre de soi, comme offrande de sa vie à la foi. Cette vocation du martyre (chahid) est plutôt étrangère à la sensibilité religieuse des sunnites. Mais on la voit aujourd’hui récupérée par les islamistes, que ce soit dans les détournements d’avion du 11 septembre, en Afghanistan où chez les Palestiniens.
La force et l’exemplarité de Khomeini tiennent à son succès — avoir réussi à prendre le pouvoir et à instaurer un état islamique — comme à la fatwa qu’il a lancée contre l’écrivain Salman Rushdie en 1989, après la parution des « Versets sataniques ». Cette condamnation a cristallisé un sentiment d’identité culturelle (il est symptomatique que les musulmans de France aient alors demandé la saisie du livre, voulant signifier par-là, comme le déclarait le recteur de la mosquée de Paris en Juin 1989, M.Tedjini Haddam, que « les musulmans en France ne sont pas une communauté de seconde zone » et ressoudé, à l’échelon de la planète, la communauté des croyants, phénomène extrêmement important pour les musulmans, même s’il reste symbolique.
La variante « pétro-dollar » de l’islamisme
Avec un corps de doctrine en acier, dans un contexte socio-économique de déception profonde, l’islamisme pouvait, sous diverses variantes, se lancer à la conquête des masses et, parfois, du pouvoir lui-même.
Des islamologues comme Gilles Kepel— notamment dans Jihad, expansion et déclin de l’islamisme — ont analysé avec précision et dans tous les pays concernés, comment les mouvements islamistes, à l’origine fort peu nombreux, contestés (dans les années vingt, les Frères Musulmans étaient surnommés « les fêlés ») ont réussi leur prédication. Selon lui, le schéma est presque partout comparable : une jeunesse urbaine pauvre, une petite bourgeoisie — notamment les commerçants du bazar — pieuse, une classe éduquée frustrée dans ses perspectives de débouchés. Les mouvements qui parviennent à s’appuyer sur ces forces, sans effrayer l’une d’entre elles, ont le plus de chance de réussir.
Encore faut-il que le nerf de la guerre, l’argent, soit là. C’est là qu’entre en scène l’Arabie saoudite, avec ses pétrodollars et son islamisme wahhabite.
L’Arabie saoudite est née de l’alliance étroite passée en 1745 entre Mohamed ibn Abd al- Wahhab, réformateur ultra-rigoriste et le chef de tribu Mohamed ibn Saoud. Al-Wahhab est un taliban avant l’heure, il interdit la musique, la poésie, le théâtre, le tabac, le rire. Il exècre le culte des saints — si vivant dans l’Islam populaire – le mysticisme, la théologie dogmatique, la philosophie et les chiites, qui, sans tolérer le libre arbitre, laissent quand même à leur ayatollahs une certaine marge d’interprétation. Fils d’un jurisconsulte de l’école hanbalite (une des quatre écoles juridiques du sunnisme) Al Wahhab va beaucoup plus loin, il enterre véritablement tout ce qui fit la civilisation de l’Islam classique. En politique il est contre le califat, ce qui est bien pratique à une époque où les pouvoirs locaux rêvent de s’affranchir du contrôle Ottoman ; mais sûrement pas pour la désobéissance civile, ce qui convient aux régimes dictatoriaux.
L’establishment religieux wahhabite est depuis ce temps au sommet de l’État saoudien. Le grand mufti Mohamed ben Ibrahim al-Acheikh a directement concurrencé le pouvoir royal jusqu’à sa mort en 1970 (le roi Faycal en fut réduit à faire installer clandestinement la télévision dans son palais, après que les wahhabites aient donné l’assaut au siège de la toute jeune télévision nationale).
Ce qui a été vécu comme « la crise pétrolière » pour l’Occident en 1973 est apparu comme une manne divine pour les pays du Golfe. La monarchie saoudienne a joué là-dessus - N’était-ce pas un signe de reconnaissance divine que d’avoir placé cette ressource pétrolière tout près de la terre sacrée de la Mecque ? - et mis à contribution sa fabuleuse et soudaine richesse pour chercher à contrôler à son avantage la communauté des croyants. L’obédience religieuse devient une clef de la répartition des aides aux musulmans du monde.
Le wahhabisme, qui passait à juste titre pour sectaire aux yeux de la plupart des pays arabes, devient la première puissance de propagation de la foi musulmane à travers le monde. Selon Kepel (en 2000), les fonds publics saoudiens ont financé plus de mille cinq cents mosquées à travers le monde. Un nombre encore plus grand a été financé sur des fonds privés. L’aumône étant un des piliers de l’Islam, les organisations caritatives les plus riches, c’est à dire celle des pays du Golfe, ont pu propager l’Islam sur un mode wahhabite. C’est ainsi qu’une seule famille, particulièrement corrompue au demeurant, a mis la main sur la propagation de la foi musulmane, après avoir « wahhabisé » le pèlerinage à La Mecque. Tout ira bien jusqu’à la guerre du Golfe de 1990–91, quand les masses islamiques à travers le monde s’enflammeront pour Saddam Hussein, approuvant sa dénonciation de l’alliance entre la monarchie saoudienne et l’Occident.
L’instrumentalisation de la religion
Un mot revient constamment sous la plume des islamologues qui analysent l’évolution socio-politique des pays musulmans : « instrumentalisation ». L’histoire des États arabes contemporains est l’histoire de la manipulation des croyants par le pouvoir. Il n’y a pas un pays où la lutte politique, pour accéder ou pour se maintenir au pouvoir, ne soit passée par l’encouragement ou la répression — en tout état de cause le contrôle — des mouvements religieux.
Suivre les évènements survenus en Égypte, en Algérie, en Irak, au Pakistan, en Afghanistan et dans les pays du Golfe, est d’une extraordinaire complexité ; mais les mécanismes de ce jeu de dupes sont simples. On retrouve toujours un jeu de bascule entre les catégories socio-politiques identifiées par Kepel (jeunesse-bourgeoisie-intellectuels), des moments où le pouvoir en place en est conforté, d’autres où il se sert des islamistes pour détourner le mécontentement populaire vers un ennemi extérieur— les Satan communistes, américains ou juifs — et un moment où, la créature échappant à son maître, elle mord la main qui l’a nourrie.
L’exemple du jihad afghan contre l’occupant soviétique, servi par Oussama ben Laden, comme créature de la famille saoudienne, puis retourné contre celle-ci, en est l’illustration la plus connue. Le destin des populations prises dans ces instrumentalisations croisées est tragique mais bien documenté par des spécialistes comme Gilles Kepel, Antoine Basbous, Olivier Roy et beaucoup d’autres. La lecture de leurs livres laisse un sentiment de dégoût devant un demi-siècle de cynisme.
L’Islam à la conquête de l’Europe
L’islamisme a d’abord été toléré, financé et poussé de l’avant par les États musulmans eux-mêmes. Ben Laden est plus une conséquence qu’une cause ; sa trajectoire montre bien jusqu’où peuvent aller des individus mentalement dérangés quand ils sont encouragés par des irresponsables. La collusion entre le royaume saoudien et la CIA pour l’aider à jeter les talibans contre l’Afghanistan relevait moins d’un anticommunisme primaire que d’une façon primaire de résoudre un problème géostratégique. Comme l’écrit Gillles Kepel : «En sollicitant les Oulémas les plus conservateurs pour qu’ils publient des fatwas déclarant le jihad contre les Soviétiques un devoir de tout musulman à travers le monde, on a ouvert la boîte de Pandore. » Il y aura toujours des Ben Laden pour répondre à des tactiques aussi grossières.
L’Histoire nous montre que l’islamisme est rendu possible par ce qu’est l’Islam lui-même. Il n’y a de l’un à l’autre qu’une différence de degré et non pas de nature.
Mais il faut aussi écouter ces représentants des communautés musulmanes installées dans les pays occidentaux, qui nous demandent : « Ne voyez-vous que des fanatiques ou des fous dans les familles musulmanes qu’il vous arrive de rencontrer? » Non, sans doute. Il peut y avoir une pratique de l’Islam très éloignée de la rigidité de ses textes fondamentaux. Comme si la grande majorité des musulmans procédaient en quelque sorte à une relecture « par omission » de ces textes.
Ce qui laisse entier le problème d’une relecture volontaire, ouverte, du Coran et de la Tradition, laquelle s’est avérée impossible depuis le dixième siècle. Seuls les musulmans pourront conduire cette « mise à jour », si elle leur paraît souhaitable. Si elle n’a pas lieu avec assez de force pour créer un nouveau point de ralliement, un nouvel horizon, la fabrique de l’islamisme et du terrorisme qu’il génère continuera à tourner encore longtemps.
Au train où vont les choses il n’est pas sûr que la culture européenne en général et française en particulier existeront encore dans vingts ans. Au nom du Coran, une partie des musulmans à entrepris de dominer l’Europe. Désormais il est moins question de terrorisme que d’une conquête (ou reconquête) musulmane par la démographie, l’intimidation et tous les moyens légaux ; mais aussi par la violence et le meurtre.